PEKEA est l'acronyme d'un terme anglais qui a pour objet de qualifier le projet de construire un savoir politique et éthique sur les activités économiques : « a Political and Ehtical Knowledge in Economic Activities ».
Ce projet, lancé en 2001, a été peu à peu défini, au travers de nombreux colloques organisés par une association reconnue, depuis juillet 2006, comme ONG internationale à statut consultatif auprès du conseil économique et social de l'ONU. Son siège est à Rennes, tout renseignement utile sur sa structure et ses activités se trouve sur son site internet . Les travaux sur ce projet sont menés par un réseau qui regroupe principalement des chercheurs - près d'un millier- dans une soixantaine de pays. Formés dans les diverses disciplines des sciences humaines et sociales, ils cherchent à réviser la manière d'aborder les questions économiques.
La raison d'être de PEKEA est en effet de contribuer à l'élaboration d'une autre approche des activités économiques, de l'économie, qui soit l'analyse d'un ensemble de relations entre des personnes, entre des acteurs individuels, des groupes, des collectifs insérés dans des histoires propres et tirant leurs ressources de territoires aux caractéristiques naturelles spécifiques. Cette approche est radicalement différente de celle, la plus fréquente aujourd'hui, qui cantonne l'analyse des activités économiques, l'économie, à la théorisation d'un ensemble de relations entre des choses, relations souvent réduites à leur circulation sur des marchés.
Ce parti pris avec lequel le projet PEKEA s'élabore : analyser les relations entre les personnes, rend explicite son « sigle ». Les relations entre les personnes, les groupes sont en effet, d'une part, des relations d'influence, de pouvoir, ce qui est du domaine du « politique ». D'autre part, ces relations s'agencent en fonction de ce qui compte - différemment- pour les uns et les autres, en fonction de leurs valeurs, ce qui est du domaine de « l'éthique ».
Un des premiers éléments, issu des réflexions de ce projet PEKEA, a été de faire émerger la nécessité de donner un contenu au concept de « valeur sociétale » Ceci consiste à ne pas laisser au marché, qui s'enorgueillit d'être à l'écart de toute référence à l'éthique et au politique , le monopole de dire le prix de toute chose, mais au contraire de circonscrire son rôle et de laisser à la société la maîtrise de dire la valeur des choses, la valeur sociétale.
Cette valeur sociétale, à l'évidence, pour la comprendre, il ne faut pas convoquer les seuls économistes, mais appeler l'ensemble des « spécialistes » des questions de société ; il convient même d'aller au-delà du cercle des « spécialistes » disciplinaires, car la société, dans une logique de démocratie, c'est l'affaire de tous les citoyens ; ceci concerne en premier lieu les pouvoirs qu'ils concourent à mettre en place pour gérer leur environnement immédiat - les gouvernements locaux - tout comme leurs organisations collectives spontanées qu'on appelle la société civile.
Les activités économiques sont toujours localisées et des problèmes essentiels concernent d'abord des sociétés, des communautés implantées sur un territoire. L'ambition de PEKEA est de mobiliser la réflexion des chercheurs sur des questions bien concrètes de terrain et sur celles-ci sont en première ligne les gouvernements locaux, élus et administrations. Ces gouvernements locaux, tout comme la société civile ont sur ces questions une expérience longue et nécessaire : ils en ont la responsabilité et ce sont leurs décisions et leurs actions qui permettent que la société continue de fonctionner.
Cependant les uns et les autres ont souvent quelques difficultés à trouver le soutien de chercheurs avec des expertises vraiment pertinentes ; cela tient en particulier au fait de la division de la recherche sur les problèmes de société entre domaines disciplinaires différents et parce que les experts économiques sont compétents essentiellement sur les relations entre les choses.
Le projet de club PEKEA de gouvernements locaux entend permettre aux chercheurs de se confronter à ces problèmes concrets et faciliter aux gouvernements locaux le recours à des experts qui soient pleinement à l'écoute de leurs préoccupations et prêts à forger des outils d'analyse pertinents.
La question essentielle des gouvernements locaux, leur ambition première est d'améliorer le bien-être des membres de la communauté dont ils ont la responsabilité. C'est-à-dire de prendre un certain nombre de décisions et de mesures aptes à améliorer ce bien-être, c'est-à-dire encore à faire croître la valeur sociétale globale.
On voit à l'évidence la convergence entre ce premier projet de PEKEA, de donner un contenu au concept de « valeur sociétale » et cette volonté des gouvernements locaux d'avoir une indication sur le niveau de bien-être de la communauté locale dont ils ont la charge ; y parvenir permettra d'éclairer la prise de toute mesure appropriée qui puisse accroître ce niveau de bien être sociétal.
Le club des gouvernements locaux partenaires de PEKEA doit permettre de mutualiser entre plusieurs gouvernements locaux la mise au point de méthodes et de procédures tout en ayant bien sûr des applications à spécifier selon les caractéristiques de chacun et ensuite des mises en ouvre des procédures à l'évidence au cas par cas.
C'est l'occasion aussi d'entamer une discussion sur ces méthodes entre gouvernements locaux, élus et cadres des administrations locales et chercheurs.
On peut s'attendre à ce que des gouvernements locaux membres du club demandent à des équipes pluridisciplinaires du réseau PEKEA des études, des contributions, des expertises, nécessaires et utiles pour concevoir et conduire des politiques publiques selon des perspectives nouvelles. En s'efforçant de développer une approche » politique et éthique » des activités économiques, les travaux et expertises construites au sein du réseau Pekea pourront contribuer à redonner au politique toute sa place dans les débats sur les questions économiques.
A l'initiative de Rennes Métropole, cette proposition de club a été discutée et travaillée entre élus de quelques collectivités locales : Ville de Paris, CU de Lille, CU de Nantes, Département d'Ille et Vilaine, Région de Bretagne ; de nombreuses autres collectivités (Villes, départements, régions) marquent un intérêt pour cette initiative.
Formellement, trois Gouvernements locaux ont initié la création du club en 2006 : Rennes Métropole, Département d'Ille et Vilaine, Région Bretagne ; elles ont été rejointes en 2007 par la Région Nord Pas-de-Calais. La participation au club s'est accompagné du versement d'une cotisation à PEKEA.
Le travail de PEKEA pour le club de Gouvernements locaux, au niveau d'ensemble, consiste à contribuer à mobiliser et à construire des outils d'appréciation de la valeur sociétale dans un contexte localisé ou territorialisé. Ceci peut être fait en mobilisant des chercheurs et des expérimentateurs à l'échelon international lors de rencontres internationales.
Un premier séminaire international été organisé à Rennes en novembre 2006, on peut trouver le programme et les principales interventions sur le site. Un deuxième colloque international se tient à la mi-décembre 2008 à Rennes (suivre les informations sur la même page du site internet).
Par ailleurs des travaux ont été conduits et sont en cours pour les gouvernements locaux membres du club et des études conduites à leur demande.
Un des objectifs de PEKEA serait de faire en sorte que tous les gouvernements locaux disposent d'un indice synthétique de développement humain qui décentre le regard concernant les performances locales sur le seul PIB et que l'on construise des indicateurs de bien être sociétaux localisés suivant des procédures participatives. Les modalités précises sont évidemment à définir entre gouvernements locaux et participants au réseau PEKEA.
Le projet PEKEA bénéficie de soutiens de personnalités locales, nationales et internationales. On ne peut évidemment toutes les citer. Nous avons plus de 800 collègues d'une soixantaine de pays et formés dans une quinzaine de disciplines qui encouragent ce projet et y participent de près ou de loin. La liste complète se trouve sur notre site internet et ils reçoivent une lettre électronique trimestrielle. Certains membres organisent des groupes thématiques ou locaux. Quelques ateliers et séminaires ont été organisés comme à Santiago du Chili, à Tokyo, à Mexico, à Rennes, bientôt à Dehli etc.
Quelques personnalités internationales du monde universitaire :
Dans le monde : Aminata Traoré, Jose Antonio Ocampo, Elmar Altvater, Robert Reich, ,Noam Chomsky, Henry Mintzberg, Richard Nelson, Jan Art Scholte, José Luis Coraggio, Christopher Freeman, Ronald Dore, Bengt Ake Lundvall, Christos Pitelis, Ada Cavazzani, Adelino Torres, Pierre de Senarclens, Omar Aktouf, James Galbraith, Mauricio Langon, Yoshihito Shimada, Robert Cox, Marguerite Mendell, Jacques Chonchol, Carlota Perez, Jun Nishikawa, Fidèle Nze-Nguema, Masahiko Aoki, Yonding Yu, etc.
En France : Edgar Morin, Alain Touraine, Julia Kristeva, Alain Caillé, Jean Paul Fitoussi, René Passet, Patrick Viveret, Jean-Louis Laville, Jacques Généreux, Charles Albert Michalet, Catherine Paradeise, Bruno Mattéi, Jacques Sapir, Pierre Salama, Jean Louis Le Moigne , Gérard de Bernis, Jean Marie Bouissou, Pascal Petit.
A Rennes : Yves Morvan, Alain Even, Marc Gontard, Michel Gervais, Pierre-Jean Simon, Guy Baudelle, Jean Paul Maréchal, Armel Huet, etc.