Le fascinant mirage du numérique
Presse - Ouest-France | le 10 décembre 2014
Presse - Ouest-France | le 10 décembre 2014
Par Marc Humbert Professeur d'économie politique à la faculté de Rennes 1
La "révolution" numérique alimente nos rêves et, bien souvent, nous facilité la vie. Mais elle est aussi un mirage fascinant qui nous empêche de prendre conscience des réalités et d'y faire face
Pour éviter la fracture sociale du numérique, nos gouvernements ont multiplié les efforts afin que chacun accéder à cette révolution. Bientôt, les écoliers auront pour tout cartable une tablette numérique et seront en permanence géo-localisés, sécurisés. Comme le seront les anciens. Nos voitures rouleront sans chauffeurs et sans accidents, des drones viendront peut-être apporter à domicile les derniers livres ou les produits alimentaires commandés par nos réfrigérateurs... et un robot servira à notre table après cuisson...
Presse - Ouest-France | le 28 avril 2013
Par Marc Humbert Professeur d'économie politique à la faculté de Rennes 1
La France, l'Europe rencontrent sur leur trajectoire de croissance longue, jusqu'ici historiquement réussie, un double et formidable défi qu'elles s'efforcent de relever : la dégradation de l'environnement, provoquée par la croissance et l'épuisement du potentiel économique de la technologie. Il serait judicieux de prendre acte de ce blocage. De définir une autre trajectoire qui redonne à tous l'espoir d'un vivre mieux. D'engager la grande transition nécessaire pour rejoindre ce chemin.
Pour s'y essayer, encore faut-il être convaincu que poursuivre sur la voie actuelle ne peut réussir. Pour ce qui est de la première facette du défi, l'environnement, l'opinion publique finit par en être convaincue. Des mesures ont été décidées, certes encore trop timides et peu appliquées. Ainsi, l'idée de nécessaire transition énergétique gagne du terrain. Au delà, on commence à comprendre que redresser nos appareils productifs actuels tels quels ne ferait que nous emmener plus vite dans le mur. Mais il reste à définir comment les restructurer.
Presse - Ouest-France | le 7 janvier 2013
Par Michel Renault Maître de Conférences à la faculté de sciences économiques de l'Université de Rennes 1
Plus de huit millions et demi de Français vivient au-dessous du seuil de pauvreté et, selon une enquête récente, "un Français sur deux se sent pauvre". Pourtant, la France est le cinquième pays plus riche de monde et cette "richesse" n'a fait qu'augmenter depuis les années 1950. Comment alors expliquer de tels constats ? Il faut s'interroger en premier lieu sur le sens de l'indicateur qui mesure cette richesse : le PIB (Produit Interieur Brut) qui reflète la "valeur ajoutée" - le supplément de richesse matérielles - produite chaque année par une économie. La croissance représente la variation du PIB d'une année sur l'autre.
Cet indicteur masque la réalité plus qu'il ne la dévoile. Ce fait, connu depuis longtemps, a été remis en lumière par la comission Stiglitz (du nom du prix Nobel d'Economie qui la présidait), réunie par Nicolas Sarkozy en 2008. Par exemple, le PIB ne dit rien sur le coût environmental lié à la production de ces richesses. Rien non plus sur la répartition de ces richesses. Or, c'est là que le bât blesse. En effet, depuis les années 1980, le partage de la valeur ajoutée s'est déformé au détriment des salariés (la plus grande part des Français) et en faveur des "profits", les dividendes distribués n'ayant cessé de croître. Autrement dit, produire plus (de valeur ajoutée) n'a pas bénéficié au plus grand nombre.
Autre travers du PIB : il ne mesure pas non plus la qualité de la vie ou le bien-être. De nombreux travaux le montrent : au-delà d'un seuil, la croissance ne rend pas plus heureux. Joseph Stiglitz et Jean-Paul Fitoussi soulignaient ainsi que : "ce que nous mesurons affecte ce que nous faisons. Réduire le bien-être, en vue d'augmenter quelque imparfaite mesure de la richesse matérielle que ce soit, donne lieu à des politiques totalement erronées".
Presse - Ouest-France | le 11 décembre 2012
Penser une économie politique qui donne la primauté à la démocratie... La toile de fond d'un colloque, à Rennes, le jeudi 13 décembre 2012.
Political and ethical knowlegde on economic activities (Pekea) est né à Rennes en 2002. Elle est devenue ONG avec statut consultatif spécial auprès du conseil économique et social des Nations Unies, en juillet 2006. Aujourd'hui, cette association est devenue un réseau mondial de réflexion et de recherche. « Plus de mille membres, de disciplines et professions variées, à travers une soixantaine de pays », souligne Marc Humbert, professeur à la faculté de sciences économiques.
Ville de Rennes, conseil général, Région, Rennes Métropole, dès 2002, ont soutenu Pekea qui oeuvre avec le Cridev, la Mir, Peuples Solidaires, etc. Des associations qui mènent des travaux de recherche, sur le terrain, en matière de développement économique.
Presse | le 9 août 2012
Par Marc Humbert, professeur, Université Rennes, CNRS, Visiting Scholar, Ritsumeikan University, Kyoto
Comment se fait-il que tant de Japonais ordinaires, des dizaines de milliers de personnes âgées, de jeunes, de mères de famille, d'artistes, d'intellectuels sortent dans la rue toutes les semaines pour dire leur désaccord avec le gouvernement à propos de sa politique nucléaire ? Le Japan Times, quotidien anglophone fondé en 1897 et lié au Asahi Shimbun, a barré sa « une », le 30 juillet dernier, avec ce titre : « Les manifestants antinucléaires encerclent le Parlement » (« Antinuke demonstrators encircle Diet »).
Les premières lignes de l'article précisent : « Des centaines, peut-être des milliers de personnes, parmi lesquelles des citoyens ordinaires et des militants antinucléaires, se sont rassemblées (.) autour du Parlement pour augmenter la pression sur le cabinet du premier ministre. [1] » Prudente réserve sur le nombre de manifestants. Autocensure ? Pressions d'origine policière ou gouvernementale ? Quelques jours plus tard, le 6 août, l'éditorial est titré « Une nouvelle dynamique pour le mouvement antinucléaire » (« New impetus for antinuke movement [http://www.japantimes.co.jp/text/ed20120806a1.html] ») ; on y lit que, tous les vendredis soir, « des dizaines de milliers de personnes » se rassemblent près du Parlement et de la résidence du premier ministre et que, le 29 juillet, elles étaient plus de 10 000 d'après la police, environ 200 000 selon les organisateurs.
Jusqu'alors, les rares Japonais qui protestaient n'occupaient que la moitié de la rue, en maigres files de quatre à cinq personnes par rangées, s'arrêtant à chaque feu rouge pour ne pas gêner la circulation ; ils formaient un défilé avec des bannières, certes, mais découpé en tronçons, et sans le moindre excès. Au moindre geste imprévu, la police intervenait de façon musclée, bastonnait, emprisonnait. Le lendemain, on lisait, au mieux, quelques lignes en troisième page dans certains journaux - hormis bien sûr les gros titres du Drapeau rouge, le journal du Parti communiste japonais. Et rien sur d'éventuelles interventions policières.
Ce qui se passe aujourd'hui tient donc du changement radical. Un bouleversement. Il est vraisemblable que cette mobilisation nouvelle, facilitée par Internet et les réseaux sociaux, soit liée à l'inscription dans la mémoire collective des expériences traumatisantes du nucléaire et de ses conséquences avec Hiroshima et Nagasaki, ainsi que de la manière dont l'Etat gère les catastrophes de contamination, avec en particulier le cas de Minamata (pollution au mercure).
Presse | le 30 juillet 2012
Par Marc Humbert, professeur, Université Rennes, CNRS, Visiting Scholar, Ritsumeikan University, Kyoto
Plus d'un an et demi après l'accident de Fukushima les rallyes populaires aux aspects familiaux et bon enfant des Japonais prennent des allures de trompettes de Jéricho. Ils viennent à Tokyo, le vendredi soir, un peu plus nombreux chaque fois depuis avril 2012, à l'appel d'une coalition d'associations. Ils font le siège pacifique de la citadelle du nucléaire, en l'occurence les bureaux de l'actuel premier ministre Yoshihiko Noda . Des femmes et des enfants, des jeunes et des moins jeunes viennent dire et redire qu'ils ne veulent plus du nucléaire : "au revoir aux centrales" chantent-ils avec entrain. Quelques personnalités médiatiques relaient leur message et pourraient lui donner assez de force alors qu'il a été jusqu'ici ignoré par le premier ministre et par une part des médias nationaux.
Haruki Murakami fut l'un des premiers à affirmer ce type de position, de manière médiatique, lors de la remise de son prix à Barcelone en juin 2011. Parmi les intellectuels, le prix nobel Kenzaburô Ôé occupe une place particulière. Il supervise une grande pétition lancée après un rassemblement de plus de 60 000 personnes en septembre 2011. Tous les sondages ont confirmé que le peuple japonais souhaitait qu'on s'achemine vers la fin du nucléaire et que ne soient pas remises en route les centrales toutes arrêtées début juin. Mais jusqu'ici , le gouvernement s'en est tenu au seul objectif d'un retour à la "normale". Il a ainsi décidé la remise en route, début juillet, de deux centrales, ignorant les 7 millions de signatures s'y opposant et remises par Kenzaburô Ôé au premier ministre le 15 juin.
Cette fermeté n'a pas refroidi l'ardeur populaire au contraire. Le 16 juillet, un jour férié au Japon , un nouveau rassemblement a été organisé, et pour avoir un peu plus de vision, un groupe avait fait un appel à dons pour louer un hélicoptère afin de filmer l'importance de la foule, puisque la télévision publique, NHK, ne faisait pas voler son équipement. Face aux images mises sur Internet, les médias sans parole commencent à lever le voile . La police a compté cette fois 75 000 personnes, les organisateurs et certains journaux plus de 170 000 personnes. Kenzaburô Ôé avait été rejoint entre autres par Ryuchi Sakamoto, la star du Yellow Magic Orchestra.
Depuis, quelques soutiens de poids se montrent. Vendredi 20 juillet, l'ancien premier ministre Yukio Hatoyama (2009 - 2010) a rejoint le rassemblement populaire et s'est fait son messager auprès du cabinet du gouvernement. Naoto Kan, qui était le premier ministre au moment du désastre (2010-2011), vient d'annoncer qu'il cherche une large alliance politique en faveur d'une sortie du nucléaire à l'horizon 2025 et, d'ici là, le développement d'énergies "vertes". Un poids lourd historique du monde politique japonais, Ichiro Ozawa, vient de quitter le parti au pouvoir avec un groupe d'une cinquantaine de députés ou sénateurs et prône également la sortie du nucléaire.
Certes, nul ne peut prédire ce qu'il adviendra, mais les Japonais, à Tokyo au moins, semblent décidés à poursuivre le siège de la citadelle nucléaire ; ils feront autour d'elle une ronde nocturne à la chandelle lors du prochain rassemblement exceptionnel le 29 juillet prochain.
Pétition | le 3 mai 2012
L'Association des Professeurs de Sciences Economiques et Sociales a proposé un programme de seconde alternatif à celui du Ministère et demande du soutien. Pour les aider, rendez vous sur le site de l'APSES, pour ajouter votre signature.
Memorandum | le 1 mai 2012
Berlin, 13 March 2012
An initiative by Ulrich Thielemann, Tanja von Egan-Krieger and Sebastian Thieme
Preliminary note
The memorandum primarily addresses the situation of economics as an academic discipline, including management, in the German-speaking world (that is, most prominently Germany, but also Switzerland and Austria). Hence, most of the articles mentioned below are in German. The phrases used are our own translations. The original memorandum was published on 4 April 2012. Its initial signers were 103 professors from a wide variety of academic disciplines (sociology, economics, philosophy, political science, education science, and many others). Over the course of the past three weeks, approximately 600 scholars, students, and professionals have signed the memorandum.
The ongoing financial crisis has revealed a pervasive crisis of economics as an academic discipline:
These erroneous trends, widely criticized, are not just ivory-tower problems within economics as an academic discipline, but rather issues of overall significance for society at large. In a society where economic patterns of rationality pervade and economize nearly every aspect of life, a distanced and unbiased perspective is needed in order to evaluate these developments. However, the standard career paths currently dominant in academic mainstream economics prevent the development of substantially different perspectives on economic issues. In order to further their careers, young scholars today are being forced to publish articles in highly specialized scholarly journals that only take into account mainstream positions. Swiss economist Bruno S. Frey has called this deplorable practice «academic prostitution» because young scholars' intrinsic research interests are being systematically replaced by opportunism. This has led to a dogmatic encapsulation of economics as paradigmatic innovation is systematically discriminated against. We believe that this situation is untenable because it prevents scholars from advancing knowledge.
Every discipline needs paradigmatic diversity. Currently, the predominant way of addressing economic activity lies exclusively in the domain of a single paradigm. This paradigm, albeit in different variants, is dedicated to the «advocacy of the market» (Friedrich Breyer). Economics, as an academic discipline, needs to escape this circle of paradigmatic encapsulation. Paradigmatic pluralism is urgently needed especially in times of crises, and given the current circumstances outlined above, the process of opening the discipline for fundamentally new views also needs to be initiated from outside of the ivory tower of economics.
Economics, by its recommendations and by the world view it conveys, pervasively affects society at large in a wide variety of ways, by and large unrecognized by «practical men», as Keynes put it. As a mature discipline and a branch of the social sciences, void of dogmatism, economists should aspire to contribute to the good life of everybody and a fair society and economy. We believe that constructive controversies on the basic and specific meaning of this assertion, carried by a culture of open-minded and fair debate, should become an ordinary part of research and teaching.
Réflexion | le 3 mars 2012
Le samedi 3 mars ont eu lieu aux Champs Libres à Rennes une série de rencontre sur le thème : Utopies d'hier, d'aujourd'hui et de demain
« Utopie » et « Alterréalisme » : histoire d'un mot, avenir d'une écriture, par Laurent Loty
Nous avons un besoin urgent, pour éviter des catastrophes économiques ou guerrières, de retrouver la foi en l'imagination et en la politique. Une foi non intégriste. Une imagination polyphonique. Une politique déprofessionnalisée. À l'heure d'un possible renouvellement de l'humanisme (la révolution médiatique, anthropologique et politique du numérique), il est temps de voir surgir une multitude de fictions utopiques et juridiques, qui renouvellent le genre textuel que Thomas More a inventé en 1516, avec son livre intitulé Utopia. Tel est l'espérance du programme « Alterréalisme » qui a démarré à Rennes en 2001.
Pour réveiller l'imagination utopique, je commencerai par l'histoire du mot « utopie ». Celui-ci a été l'objet d'une extraordinaire mystification, au moment de l'invention du nom commun, au 18e siècle. Cette mystification est due à des philosophes ancêtres de nos ultralibéraux, elle a été relayée par le scientisme et le fatalisme historique du marxisme. Les anti-utopistes ont fini par nous faire croire que le mot « utopie » désigne un rêve impossible, alors qu'« utopie » était le nom propre d'un texte qui utilisait la fiction pour faire croire, de manière ironique et distanciée, en l'imagination politique. Une imagination préalable à toute action mélioriste.
Retrouver le pouvoir des « utopies » suppose d'employer le mot pour désigner ces textes qui reprennent la stratégie d'écriture de More. Ces utopies ne sont ni irréalistes ni réalistes, mais alterréalistes. Pour autant, elles peuvent être bénéfiques ou néfastes au bien-être de chacun et de tous. Depuis des siècles, on y trouve toutes sortes de valeurs et de modèles : liberté de croyance, eugénisme, racisme, partage du travail, sexisme, éducation à l'esprit critique, autoritarisme, libéralisme, communisme, incitation à la soumission. J'esquisserai quelques pistes pour des formes, des contenus et des modalités d'écriture en lesquelles je crois. Pour qu'après l'heureuse chute du Mur et la malheureuse grande transformation ultralibérale, chacun puisse se mettre, si cela lui chante, à lire et à écrire des fictions utopiques et juridiques, à retrouver le chemin d'un progrès collectif.
Historien des textes, des mots, des savoirs et des idées, Laurent Loty a présidé la Société française pour l'histoire des sciences de l'homme. Avant d'entrer au CNRS, il a enseigné 30 ans, dont la moitié à l'Université Rennes 2, où il a animé le séminaire « Textes et Savoirs, Transdisciplinarité et Politique ». Il défend une conception indisciplinaire de la recherche (« Pour l'indisciplinarité », 2005). Il s'intéresse à l'histoire des mots qui nous empêchent de penser (« L'optimisme contre l'utopie », Europe, « Regards sur l'utopie », mai 2011), et enquête sur la genèse des idées politiques contemporaines. Il a codirigé L'histoire des sciences de l'homme (1999), Littérature et engagement pendant la Révolution française (2007), Individus et communautés (revue Dix-Huitième Siècle, 2009). Il prépare une histoire de l'optimisme et du fatalisme, et une édition de La Découverte australe, utopie de Rétif. Depuis 2001, il organise avec Anne-Rozenn Morel un programme international d'incitation à l'écriture de fictions utopiques et juridiques.
Vous pouvez écouter l'entretien radio réalisé par Mathieu Dubois, sur Radio Univers FM
Opinion | le 16 février 2012
Ci-dessous la capture de la seconde partie de la conférence témoignage des paysans de Fukushima à Fougères, initiée par Marc Humbert et Hiroko Amemiya de PEKEA et co-organisée par les associations de lutte contre le nucléaire.
Opinion | le 16 février 2012
Les outils qui servent aux plus puissants à façonner un monde qui leur convient asservissent tous les autres humains. Ils nous mettent en compétition les uns contre les autres à l'échelle planétaire, brident notre créativité et épuisent la planète. Le répit keynésien (1929-1971) d'un capitalisme providentiel, dont les seuls Occidentaux (et les Japonais) ont bénéficié, à l'abri des frontières et aux dépens de la nature, a fait long feu.
« Passé un certain seuil, l'outil, de serviteur, devient despote », écrivait Illich dans La Convivialité, en 1973. Il en est ainsi de l'outil fondamental du « marché », qui est devenu un outil de destruction de la société. Il tient lieu désormais d'éthique, en substituant le prix à la valeur, et annihile le politique, en revendiquant son caractère technique pour refuser tout contrôle. Il tend à tenir sous son empire toutes les activités humaines et la nature elle-même, faisant fi de toutes les frontières, promettant sans fin la croissance la plus vive.
Cessons d'avoir les yeux rivés sur un taux de croissance au prix du marché ; retrouvons le souci primordial d'organiser la production pour répondre aux besoins réels des uns et des autres ! Nous pourrons alors espérer échapper à la honte de voir progresser dans nos pays riches des inégalités qui retrouvent leur niveau du début du XXe siècle, d'enregistrer 65 000 morts par jour dans le monde faute de soins (faim, eau polluée.), de compter plus d'un milliard de malnourris, de ne pas savoir nous entendre pour endiguer le réchauffement climatique ou pour répartir l'usage de l'eau.
Dénonçons la pseudo-bonne gouvernance, qui n'est qu'un asservissement aux règles du marché et l'évitement d'une politique éclairée par l'éthique au cours de débats démocratiques participatifs. Sachons juger à quels niveaux on peut gérer quels problèmes en appliquant le principe de subsidiarité. La vie individuelle et sociale de tous les jours, primordiale pour tout un chacun, reste en premier lieu une affaire de communauté locale. Cette question de taille, de niveau, est aussi pertinente pour les entreprises. Les écarts de productivité entre les différentes régions du monde doivent être réduits par la coopération. Leur mise en compétition financière et la circulation sans raison des marchandises n'apportent aucune richesse réelle. La crise actuelle montre la vanité des pratiques fondées sur le seul appât du gain.
Il faut en finir avec le fondamentalisme du marché, ce qu'Emmanuel Mounier appelait le primat de l'économique, « un désordre historique dont il faut sortir ». Il s'agit, en suivant Illich, de « travailler ensemble et de prendre soin l'un de l'autre ». La convivialité créatrice permettra de répondre aux besoins de tous et partagera équitablement les fruits de l'activité loin de l'illimitation et de l'égoïsme. L'humanité pourra alors quitter la situation honteuse où elle s'est fourvoyée. Il est urgent de s'engager sur les voies ouvertes par les activités qui se réclament de l'économie sociale et solidaire, de la responsabilité sociale des entreprises. Elles sont, au sens de Patrick Viveret, les expériences anticipatrices de ce que pourrait être la convivialité créatrice d'une humanité enfin durable.
Document | le 25 janvier 2012
Etat de la situation du Japon sinistré, au 30 décembre 2011
Le Japan Times du 30 décembre a décidé d'arrêter la publication de la carte des niveaux maximum de radiation dans l'Est du Japon en indiquant que la situation semblait stabilisée. Le service culturel et d'information de l'ambassade du Japon en France a fait un communiqué le 20 décembre pour protester auprès des média contre les informations publiées en France et de nature à induire en erreur les lecteurs sur les initiatives du gouvernement. Ce courrier donne certaines précisions avec des commentaires pour tenir que la situation est en voie de normalisation, pour souligner que le gouvernement japonais a fourni des efforts remarquables, et que tout peut reprendre comme avant. Le Japon renaît.
C'est la position qu'essaie de défendre depuis le début les principaux responsables politiques et le gouvernement japonais.
Télécharger le rapport complet
Document | le 15 décembre 2011
Chers amis du Projet PEKEA,
Vous connaissez sans doute le MAUSS (Mouvement Anti-Utilitariste dans les Sciences Sociales- http://www.revuedumauss.com.fr/Pages/APROP.html ) qui est un partenaire historique de PEKEA et a accompagné les colloques que nous avons organisés. Depuis longtemps le MAUSS, notamment à travers la revue qu'il édite (La revue du MAUSS) est un lieu de pensée ouverte, libre et alternative (ce qui devient rare) offrant un lieu de résistance à la domination de la pensée utilitariste qui réduit toute forme d'échange social à de l'intérêt, à de l'égoïsme ou à du cynisme. Comme PEKEA, le MAUSS met en avant le don, la gratuité, le lien social, la convivialité. comme fondements de la socialité. La revue du MAUSS permet ainsi d'offrir une plateforme de débat s'opposant à la « fin de l'histoire » promise par un néo-libéralisme qui fait, par exemple, de la crise actuelle dont il est largement responsable, une occasion d'approfondir son emprise. Or, le MAUSS est aujourd'hui en difficulté, et cela paradoxalement à cause même de ses fondements reposant sur le don, le bénévolat. toutes choses qui sont de plus en plus niées (voir document joint à la suite). PEKEA invite donc tous ses sympathisants et adhérents à soutenir le MAUSS, notamment par des dons permettant de soutenir ce mouvement face aux menaces pesant sur lui.
Bien cordialement.
Le bureau de Pekea
source : Journal Du MAUSS
Presse | le 20 septembre 2011
Presse | le 18 mai 2011
Lettre | le 14 avril 2011
Bonjour,
Personnellement j'aimerais et je voudrais croire que le monde ne va pas attendre d'autres catastrophes pour prendre les dispositions nécessaires afin de les éviter à l'avenir et donner une chance de survie à notre humanité.
Le terrorisme économique tue.
Il tue par l'économie.
Il tue également par l'atome civil.
Les populations qui vivent à proximité (50 - 60 km peu importe le chiffre) d'une centrale nucléaire en activité, vivent sous une menace au moins aussi importante que ceux qui vivent sur les pentes d'un volcan.
Je considère personnellement que tout outil est dangereux et comporte des risques, quel seuil de risque peut-on accepter? Il est certes difficile de déterminer un seuil, il devrait être débattu collectivement, la vie étant collective.
Quand un avion se crashe pour des raisons autres qu'une attaque cela peut tuer la totalité des passagers plus des personnes au sol; ce risque effraie certaines personnes qui refusent pour cette raison de monter en avion. Pour autant il me semble que c'est un risque à courir.
Quand une centrale thermique ou une usine chimique explose on peut minimiser les dangers de pertes en vie humaine avec des mesures adaptées.
Une centrale nucléaire a le potentiel de destruction de vies humaines qui dépasse tous les seuils acceptables. Je pense qu'un débat qui devrait avoir lieu sur ce sujet arriverait à cette appréciation.
Quand des personnes se font tuer régulièrement sur un passage à niveau ou dans une courbe de route, au bout d'un certain temps on fait les travaux nécessaires: un pont, un tunnel, une portion à quatre voies: combien faut-il de tués pour que la dépense soit engagée? On donne une estimation du coût de la vie humaine. Quand on dit que telle ou telle chose est moins chère, par exemple le megawat de la centrale nucléaire est moins cher qu'un de centrale de type Y.... c'est sans prendre en compte la différence de potentiel entre cette centrale de type Y... et la centrale nucléaire, potentiel en capacité de destruction de vies humaines en cas d'incident grave.
Pour qu'une centrale nucléaire soit considérée comme compétitive il faut accorder un prix dérisoire à la vie humaine.
Si la vie humaine n'a pas de prix, les centrales nucléaires pas plus que les outils trop gros comme les banques too big to fail ne devraient avoir le droit d'exister.
( cf. De la convivialité, La découverte, 2011).
C'est là dessus et pas sur la laïcité qu'il est urgent de débattre ; pour décider ou non de programmer le démantèlement de tous ces outils qui exercent sur les populations un terrorisme insupportable.
Pour cela il faut évidemment que les populations se mobilisent, les Etats et les oligarques professionnels de la politique, élus comme on vend des savonnettes, sont liés avec les pouvoirs de ce terrorisme économique. Mobiliser les populations par des écrits, des mouvements n'est pas chose facile.
Et puis au quotidien ici au Japon il faut pour les Japonais (au moins) une certaine solidarité pour s'en sortir : le jour où la planète entière sera en péril certains imaginent devenir des cyber humains ou aller se planter sur la lune ou ailleurs ; je n'ai pas les chiffres des Japonais qui se sont expatriés. En tout état de cause les Japonais ordinaires ne peuvent le faire. Il leur faut donc régler ce problème de la centrale ; il leur faut régler le problème des déplacements de population ; il leur faut régler le problème d'alimentation saine de cette population. Il faut savoir comment prendre soin de tous ceux qui souffrent et vont souffrir encore.
Les défis sont immenses ; il faut que le Japon innove car on n'a pas d'expérience d'un tel drame, mais il peut tenir compte de la manière bien critiquée de la façon dont Hiroshima et Minamata ont été traités. Il me semble que ce n'est pas très facile de trouver les bonnes voies et je voudrais espérer que la mobilisation des compétences et les débats vont s'engager pour y parvenir.
A notre petite échelle avec Hiroko nous sommes en train de mettre au point un programme avec des agriculteurs frappés de plein fouet par le sinistre. Beaucoup d'associations s'efforcent de relever la tête et s'engagent sur la voie d'un autre type de fonctionnement. Espoir.
Bien cordialement
Marc
Note complémentaire :
Le projet de soutien aux paysans japonais sinistrés par le séisme et l'accident nucléaire de mars 2011 consite plus particulièrement à
1) Constituer un réseau de fermes d'accueil et à assurer sa coordination pour y amener des paysans sinistrés à la recherche d'un nouveau lieu d'activité
2) Créer de nouvelles communautés d'échange, de coopération et de soutien.
Pour plus d'information contacter Hiroko Amemiya : hiroko.amemiya(at)gmail.com. Hiroko connait ce secteur, elle a publié récemment un ouvrage Du teikei aux Amap, le renouveau de la vente directe de produits fermiers locaux, Presses Universitaires de Rennes, 2011.
Point de vue | lemonde.fr, le 23 mars 2011
Arrivé ce week-end pour quelques jours en France, je reprends un texte écrit au Japon pour essayer de prendre la pleine mesure de cet événement survenu le 11 mars. La vie en dehors de zones sinistrées, c'est-à-dire pour plus de 90 % du Japon et des Japonais, est aujourd'hui quasi-normale et tout le monde pense que dans quelques jours la menace de pollution atmosphérique radioactive aura cessé. Les Français, en pointe dans les mesures de précaution, ont annoncé la réouverture du lycée le 4 avril. Tout redeviendra comme avant ou presque. Mais il ne faudrait pas oublier cette formidable double alerte, alerte verte et alerte rouge, comme il semble qu'a été oubliée l'alerte du "Lehman Shock" de 2008.
Le cataclysme du 11 mars est d'abord une alerte verte. La nature a rappelé à tous sa formidable toute puissance que l'humanité ne peut prétendre maîtriser. Au Japon il n'y a pas de parti vert significatif. L'explication de cette absence nécessiterait certainement de prendre en considération de nombreux éléments dans une combinaison complexe. Repérons parmi ceux-ci la présence d'un sentiment, ou plutôt une connaissance intuitive forgée par l'expérience, que la nature est la puissance la plus forte et que l'homme n'est que poussière.
Les tremblements de terre et les raz-de-marée, les typhons à l'occasion, obligent à composer avec une nature que l'on apprécie, mais aussi que l'on craint. On sait ici que l'humanité peut être rayée de la carte. Des débats récents suggèrent, certes qu'elle peut par elle-même contribuer à sa propre destruction, et même donne l'impression désagréable qu'elle s'y emploie. On a ici conscience qu'en outre, après une éventuelle disparition de l'humanité, cet épisode laisserait la nature continuer d'écrire une suite qui se poursuivrait sans cette humanité, absence dont elle s'était accommodée des milliards d'années durant avant de subir les frasques de sa récente survenue.
Prendre le parti de la nature ne va pas de soi pour l'humanité. Que la nature incite l'humanité, par un événement, au respect parce qu'elle est superpuissante, c'est une alerte verte ; même si le réchauffement climatique vient des activités humaines, la nature pourrait aussi conduire, à l'avenir, une glaciation. Respecter la nature parce que nous en avons besoin et qu'elle est notre source de vie, c'est une toute autre affaire, certes loin d'être anodine pour nous, et c'est surtout sur celle-là que se focalisent les partis verts qui n'ont pas au Japon un grand représentant.
La menace de pollution atmosphérique radioactive née le 11 mars constitue aussi une alerte rouge. Elle est en effet une expression d'une sorte de terrorisme productiviste comme le 11 septembre 2001 fut l'expression d'un terrorisme politique. Elle peut être mise aussi en parallèle avec le choc de 2008 : on a souligné le rôle de ces banques trop grandes pour faire faillite (too big to fail), fruits, comme les entreprises géantes, de cette course à la croissance sans limite, à la spéculation sans limite, à l'enrichissement sans limites. En 2008, ce slogan a servi d'excuse à des gouvernements libéraux sans justification idéologique pour les renflouer ; il n'y avait pas d'argent dans les caisses de l'Etat pour des mesures sociales, mais on en a trouvé pour les grandes banques qui ont renoué ensuite avec des profits faramineux et leurs dirigeants sont remerciés par des salaires époustouflants. Une telle banque too big to fail ne devrait pas exister, disait André Orléan, de telles entreprises géantes, de telles centrales parce que nucléaires et trop grandes et trop dangereuses pour faillir, ne devraient pas exister : alerte rouge.
Cette manière de voir est tout en fait en accord avec l'idée d'Illich (1973) que les outils devenus trop gros ne sont plus conviviaux : au lieu de nous servir ils nous rendent esclaves. Il s'agit de terrorisme, parce que nulle part, pas plus en France qu'au Japon, on a mis en débat le choix du nucléaire. L'argument de l'efficacité pour la croissance a réuni l'oligarchie des élites des idéologies libérales et socialistes, le capitalisme et le socialisme. Au nom de leur moindre effet contre l'environnement en situation de bon fonctionnement, nombre de notables bardés de vert comme Nicolas Hulot, supportaient eux aussi ces centrales. Le 11 mars est une alerte rouge qui dénonce cette collusion.
Que faire ? Comprendre d'abord le sens de cette double alerte. L'ouvrage De la convivialité (La découverte, 2011) aide à percevoir cette nécessité de limiter la taille des outils, de tout ce qui nous sert à construire notre monde commun, de telle sorte que ces outils restent au service de ce bien commun qui est notre but, restent capables de nous permettre de pratiquer la convivialité. Une pratique de vie qui se situe dans un autre registre que les "-ismes" des idéologies qui conduisent à la destruction de l'humanité au lieu de la servir. Ensuite il faut conduire la transition vers cette autre manière de vivre ensemble en comprenant qu'il n'y a pas d'autre valeur que la vie. Alors la double alerte verte et rouge du Japon du 11 mars aura servi à quelque chose.
Marc Humbert, directeur de l'Institut français de recherche sur le Japon contemporain à la Maison franco-japonaise de Tokyo (CNRS-MAEE)
Lettre | Chico Whitaker, février 2011
Dans moins d'une semaine la marche d'ouverture du Forum Social Mondial de 2011 commencera à remplir les rues de Dakar, au Sénégal. Les caravanes qui croiseront l'Afrique pour y arriver ont déjà laissé leurs points de départ. Les multiples délégations venant des autres continents - dont quelques unes réunissant plusieurs centaines de personnes, d'autres plus modestes à cause du plus long chemin à faire - commencent à fermer leurs valises pour prendre les avions. Les membres des organisations africaines qui « facilitent » la réalisation de cet évènement passent leurs dernières nuits sans dormir pour résoudre les derniers problèmes avant la séance d'ouverture. On ne s'attend pas a un immense Forum, comme le dernier en 2009 à Belem, au Brésil, avec ses 150.000 participants. Cela par la simples raison qu'autour de 80% de ces participants viennent en général du pays ou région où il a lieu, et le Sénégal a 15 fois moins d'habitants que le Brésil. Mais ce Forum aura du succès dans beaucoup d'autres aspects importants. Les participants des autres pays du monde seront très nombreux. Lula, ex-Président du Brésil, y sera comme citoyen. Le nombre moins important des présents à Dakar sera compensé par un grande nombre de conférences par internet avec des groupes et Forums locaux réunis partout dans le monde (seulement en France il y aura 70 !...) - le « Dakar étendue », une nouvelle dimension décisive des Forums Mondiaux. De même la Diaspora Africaine sera l'objet de plusieurs manifestations la renforçant comme réalité politique. Les Forums ayant lieu avant le FSM se sont préparés avec une énergie redoublée, comme celui des scientifiques engagés pour la démocratie, dont le premier s'est réalisé en 2009 à Belem et comme celui des théologiens, qui est né avec le premier FSM à Porto Alegre en 2001. Après dix ans d'articulation de la société civile, rendue possible par « le processus FSM », chacune des activités auto-organisées, qui donnent du contenu aux discussions dans l'espace du Forum et aux propositions qu'y sont faites, sont maintenant le résultat de l'association d'un plus grand nombre d'organisations et ont gagné de la densité. L'accumulation des analyses, des dénonciations et des propositions, faites dans les Forums précédents, a permis de voir plus clair les grands dangers qui le monde subit actuellement, de même que la nécessité d'enraciner maintenant la notion d'universalité dans les valeurs du sud du monde, et que l'ensemble des crises vécues aujourd'hui constituent une vraie crise de civilisation. Beaucoup plus voient chaque fois plus nettement que cela exige des nouveaux paradigmes pour que l'humanité retrouve son chemin vers la paix, la justice et l'amour, et pour que la planète Terre ne soit pas détruite par l'irrationalité de la lutte pour le profit et par une globalisation dictée par les intérêts de l'argent, en détriment des besoins des êtres humains. Les deux jours finaux consacrés au plus de 40 «assemblées de convergence pour l'action » déjà prévues - une autre nouveauté du Forum de 2011 - permettront des nouvelles articulations vers l'action concrète pour changer effectivement le monde. Voilà qu'un important pas en plus sera donné en février à Dakar pour construire l'autre monde possible, qui se montre absolument nécessaire et qui est devenu extrêmement urgent.
Document | Tokyo, le 15 janvier 2011
Cela fait dix ans que nous avons lancé avec quelques amis1 un « Argument » pour démarrer une approche qui ne soit pas seulement hétérodoxe et critique de la pensée dominante sur l'économie mais qui propose une pensée constructive propre à expliciter comment faire fonctionner un monde différent.
Je reviens vers vous en ce début 2011, avec l'idée d'Illich selon lequel, l'outil, c'est ce avec quoi nos activités construisent nos sociétés, notre monde et que cet outillage en devenant gigantesque, au lieu de servir l'humanité s'est mis à l'asservir. Il faut donc réformer l'outil pour que nos sociétés deviennent conviviales. Il faut pour cela que « tous saisissent qu'ils seraient plus heureux s'ils pouvaient travailler ensemble et prendre soin l'un de l'autre ».
Les lignes ouvertes par Illich ont convergé avec celles que nous avions tracées au cours des années et permettent, sur les acquis problématisés de nos travaux, de proposer un Manifeste pour une société conviviale.
Pour rappel nous avions problématisé notre démarche en premier dans cet Argument autour duquel nous avons réuni jusqu'à un millier de collègues, de professionnels et de citoyens impliqués dans plus de 60 pays. Ensuite, à l'issue du colloque de lancement réuni à Santiago du Chili en 2002 ont été présentés les fondements sur lesquels chercher à construire un savoir politique et éthique sur les activités économiques. Quatre blocs de connaissance ont alors été explorés principalement au cours de quatre colloques, deux furent tenus à Rennes, un à Bangkok et un à Dakar, dont la synthèse des résultats a été diffusée sous la forme de propos d'étape2. Nous n'avons pu réunir un nouveau grand colloque sur la poursuite dans la ligne centrale de notre démarche. Toutefois, d'une part des opérations concrètes l'ont éclairée (ISBET et Teikei-AMAP) et d'autre part de petits colloques et finalement un colloque franco japonais assez important tenu à Tokyo, avec un travail collectif intense a amené nombre de ses participants a convenir, en partie en s'inspirant d'Illich, qu'au-delà du capitalisme et du socialisme on pouvait envisager de fonder le convivialisme.
Parmi les participants français, Alain Caille, Serge Latouche, Michel Renault, Patrick Viveret et moi-même publions un ouvrage en français en ce début janvier à la Découverte, « De la convivialité ».
Un ouvrage en japonais paraîtra dans les mois qui viennent avec des contributions d'autres intervenants japonais en particulier. Les signataires lançant le 11 juillet 2010 le convivialisme étaient : Hiroko Amemiya, Alain Caillé, Gilda Farrell, Marc Humbert, Kazumasa Kato, Katsumata Makoto, Yoshihiro Nakano, Michel Renault, Samuel Thirion, Serge Latouche, Osamu Nihitani, Yoshimitsu Sato, Eri Takahashi.
Je vous invite à rejoindre ces premiers signataires et pour cela je vous mets en communication une sorte de synthèse des idées sorties de ce colloque et qui sont un peu plus explicites dans l'ouvrage à paraître le 20 janvier.