En 2009 l'assemblée générale des Nations Unies a proclamé 2012 Année internationale des coopératives : « en hommage à la contribution de ces associations à la réduction de la pauvreté, la création d'emplois et l'intégration sociale. ». Les valeurs évoquées, à cette occasion, par l'ONU mobilisent des questions sociétales et éthiques ; elles décrivent la prise en charge et la responsabilité personnelles et mutuelles ; la démocratie et l'égalité ; l'équité et la solidarité.
Ces valeurs sont au coeur du projet PEKEA, mis en place il y a maintenant 10 ans.
Cependant la « coopérative » apparaît avant tout bien souvent comme une forme institutionnelle particulière d'organisation des activités économiques. Ces formes renvoient à la question plus vaste de l'organisation sociale ; c'est pourquoi le congrès 2012 de PEKEA aura pour thème central la coopération et les formes d'organisation sociale.
La coopération apparaît en effet comme une modalité d'organisation des activités sociales et économiques qui peut prendre de multiples formes, des plus informelles aux plus organisées, et qui ont pour trait commun la référence à des valeurs partagées (démocratie, égalité, équité, solidarité, liberté, responsabilité, fraternité.). Ces valeurs s'opposent dans une large mesure au processus de réification et de marchandisation porté par une certaine forme de libéralisme économique (souvent plus proche du darwinisme social que de l'essence du projet libéral lui même) mettant l'accent sur l'individu par rapport au collectif.
Envisager ainsi la coopération met l'accent sur la pertinence des 4 blocs de savoir portés par PEKEA :
La valeur sociétale : envisagée comme modalité de production par des citoyens libres de finalités communes. La construction sociale des valeurs et des moyens pratiques de les mettre en oeuvre apparaît comme l'un des enjeux centraux de la coopération.
La démocratie face à l'écocratie : la démocratie est au centre de la coopération et du projet coopératif, il s'agit sans doute d'une de ces valeurs les plus fortes car elle implique de soumettre l'espace économique et ses arrangements institutionnels à la délibération collective autour des finalités que l'on se donne. Il s'agit aussi de renouer avec l'étymologie du terme économie qui renvoie (au-delà de l'administration de la maison) à la détermination du bien commun (et des biens communs), de ce à quoi l'on tient et des moyens d'en prendre soin.
Les comportements individuels et collectifs : face à des approches qui font du collectif la simple agrégation de rationalités égoïstes, la coopération s'enracine dans la considération du social comme un fait premier, qui implique de construire ensemble des solutions raisonnables pour vivre ensemble. Envisager la coopération sous cet angle invite à repenser les articulations entre l'individuel et le collectif et notamment les formes d'organisation qui permettent à la fois l'action collective et l'épanouissement individuel, faisant ainsi écho à l'appel d'Ivan Illitch pour une société conviviale.
Le futur commun possible : la coopération, et les formes d'organisation sociale qui la traduisent, ouvrent des perspectives pour un développement humain durable. Les valeurs de solidarité, d'égalité, d'équité. sont incontournables pour contrecarrer les effets pervers de sociétés de la démesure où la concentration des richesses monétaires et la destruction accélérée d'autres richesses (la nature, les cultures, la confiance, les liens sociaux.) sapent les fondements mêmes du vivre ensemble. La coopération peut ainsi être envisagée également comme un chemin vers la construction de cette « intelligence collective » que Dewey2 appelait de ses voeux.
Ce congrès invite donc à envisager les 4 blocs de savoir portés par PEKEA à l'aune de la question de la coopération et à construire ensemble des cadres analytiques, conceptuels et opérationnels permettant de concevoir une société où se développeraient « tout l'Homme et tous les hommes » (F.Perroux).
Il est organisé sous le Haut Patronage des Nations-Unies et en coopération entre PEKEA et le CIAPHS (EA 2241), Université de Rennes 2. Il bénéficie également du soutien de l'ISMEA et de l'Institut Veblen.
Cette manifestation se veut un espace de réflexion et de construction collective du savoir. Elle comprend des plénières pendant lesquelles seront présentées, par les acteurs de terrain eux-mêmes, des expériences concrètes mettant en « actes » la coopération et ses valeurs :
Elle inclut également des ateliers centrés sur cinq thématiques transversales à chacune des expériences présentées :
Nous invitons les participants à proposer des questionnements et réflexions à partir de leur champ disciplinaire ou de leurs expériences de terrain sur le thème des liens entre coopération et organisation sociale, et en particulier sur les questions suivants :
Comment concevoir et mettre en oeuvre de nouvelles formes de coopération ? Quelles sont les structures qui émergent du processus de négociation collective ? Quels nouveaux modes de financement apparaissent pour appuyer les formes coopératives ? Comment un savoir différent, construit sur l'attention portée à la coopération, peut porter les valeurs humaines et solidaires ? Quels sont les apports de la coopération aux quatre blocs de savoir du projet PEKEA ?
Télécharger le document d'information